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OUFTI Les Amis de François WALTHERY

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Natacha 22 Dupuis

Voici l'interview de François sur le site de Dupuis ...

Bon dimanche ensoleillé

Christophe

Interviews :

Le grand retour de Natacha !

- 20/05/2014

Natacha, tome 22
Dans le monde du cinéma, les remakes sont monnaie courante. Dans celui de la BD, c’est plus rare ; on se souvient de Hergé redessinant une version plus British de « L’Île noire ». Walthéry, lui, a choisi d’adapter un classique oublié de Sirius datant de 1953, « L’Île aux perles » dans ce 22e tome des aventures de Natacha, « L’Épervier bleu». Entretien avec François Walthéry.

Était-ce clair pour toi que tu allais conserver le charme rétro de cette histoire en utilisant le stratagème des grands-parents de Natacha et de Walter ?

Non, je n’y ai pas songé d’emblée. C’est en y réfléchissant que j’ai réalisé que cette histoire ne tiendrait pas si on la changeait d’époque, avec les personnages de Natacha et de Walter tels qu’ils sont aujourd’hui. J’ai donc pensé à réintroduire le personnage de cette grand-mère qui a retranscrit toutes ses aventures dans un journal intime. Ça me permet d’introduire ces flash-backs de manière naturelle. Dans Bob et Bobette, Willy Vandersteen avait trouvé le truc d’une machine à remonter dans le temps mise au point par le professeur Barabbas, ce qui permettait à M. Lambique de vivre des tas d’aventures à des époques différentes. Ici, j’utilise un saut générationnel plutôt qu’une entourloupette de science-fiction, mais le principe est le même.
 

Tu as dit avoir envie d’ambiances maritimes. Pour le Wallon campagnard que tu es, ce n’était pas trop difficile d’appréhender ce monde-là ?

C’est assez loin de moi, c’est vrai, mais quand je vais à la mer, j’observe toujours les vagues. J’adore regarder le mouvement d’une vague qui s’écrase sur une plage. C’est chaque fois différent, et c’est tellement beau à regarder ! J’ai aussi mon imagination nourrie par énormément de films… Cela dit, dessiner l’eau, ce n’est pas une sinécure. Quand je feuillette le travail de certains dessinateurs, on dirait qu’ils font des vagues en carton ! Moi, pour donner la sensation du vent du large, j’ai dessiné pas mal d’oiseaux (c’est un truc dont ne s’est pas servi Sirius, d’ailleurs) pour créer des avant-plans. Quant au dessin des bateaux, c’est une autre paire de manches, mais j’avais heureusement quelques bons modèles pour éviter de me casser la gueule… Attention, il ne faut pas regarder un Natacha comme on regarderait un album des « Passagers du vent » de Bourgeon : je ne prétends pas atteindre à la même exactitude ! Sirius m’avait d’ailleurs dit : « Tu dois viser l’efficacité du récit, et tu te fous un peu du reste… » Sacré Sirius !

Par le passé, tu as souvent délégué à des copains (Jidéhem, Mittéï, Will, Georges Van Linthout, Laudec, Bruno di Sano) le dessin de tes décors. Ici, tu assumes tout, tout seul.

J’avais envie de tordre le cou à un canard ; on dit souvent : « François, il ne fait plus rien, il ne dessine plus, il délègue… » Et je me suis souvenu de ce que m’avait dit ce cher Jidéhem : « Continue à faire tes décors toi-même sinon un jour, tu verras, tu n’auras plus la patience de les faire ! Et ce sera pour toi un calvaire de t’y remettre… Franquin lui-même avait éprouvé ce problème. » J’ai suivi son conseil, mais parfois j’ai cherché malgré tout à échapper à la solitude du dessinateur de BD penché comme un moine copiste sur sa table à dessin en collaborant avec des copains. Cependant, pour cette histoire inspirée de Sirius, je tenais vraiment à tout faire tout seul car c’était aussi une entreprise importante sur le plan personnel et sentimental. Il m’aimait bien, Sirius, et je n’avais pas envie de trahir son amitié. Il m’a fait tellement rêver quand j’étais gamin que je voulais vraiment respecter son oeuvre tout en prolongeant le plaisir aujourd’hui. Un plaisir que j’espère, bien sûr, communicatif pour le lecteur.

 

 

On a parlé des décors, parlons des personnages : tu avais un modèle pour le personnage de Blackmoon ?

Oui, c’est un guitariste de jazz bien connu à Liège, il s’appelle François Monseur. Il m’arrive assez régulièrement de jouer des morceaux avec lui. Moi je joue de l’harmonica… Bon, naturellement, je ne joue pas comme Toots Thielemans, mais je me débrouille ! On joue du boogie-woogie… J’ai choisi de faire sa caricature, parce qu’il me semblait convenir à merveille pour le personnage. J’ai conservé son catogan, ce qui est sans doute un anachronisme dans mon histoire, mais je ne crois pas que les lecteurs m’en tiendront rigueur. Et pour le comparse de Blackmoon, j’ai croqué un copain du café Braham, le troquet de mon village, ici à Cheratte. François Monseur m’a dit en riant : « Grâce à toi, je vais passer pour un salaud, maintenant ! »

Tu entames toujours chaque album avec une sorte de prégénérique. Ici, dans ce prologue, tu montres Natacha plus nue qu’elle ne l’a jamais été…

En fait, je ne fais que remettre en scène une mésaventure qui m’est arrivée personnellement (sauf que moi, j’étais en pyjama…). Et c’est aussi une réponse à un pari qu’on m’avait fait en me disant : « Tu n’oseras jamais dessiner Natacha nue dans un album ! » J’avais répondu : « Pourquoi pas ? Il y a toujours moyen, mais il faut trouver la manière.». Ce n’est pas une série érotique, c’est une série d’aventures pour toute la famille. Mais ici, je me le suis permis parce que je trouvais la situation non seulement amusante, mais utile pour le récit : il fallait trouver un motif pour que Natacha s’engouffre dans la chambre de Walter… Et celui-ci réagit comme il sait faire, comme un idiot : « Vous allez prendre froid, par ce temps ! » J’aime bien ce genre d’humour, et de situation ridicule…

Cette aventure est un remake d’un classique oublié de Sirius, L’Île aux perles, un album de sa série L’Épervier bleu. Pourquoi ce choix ?

Parce que j’ai toujours adoré ce livre ! C’est un album qui a fait rêver beaucoup de dessinateurs, dont Dany et Hermann. Moi j’ai lu ça avec un plaisir fou quand j’étais petit : c’est de l’aventure avec un grand A. Chez Sirius, il y a aussi énormément d’humour. Il fonctionne avec deux degrés : au premier, il y a l’intrigue proprement dite et au second, il y a souvent un humour désinvolte pour décrire les rapports entre les personnages.

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